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raymond coumans

Raymons Coumans au CHEVAL de VERRE

23 Décembre 2012, 17:02pm

Publié par Yves Coumans

"Chevaux de verre" détail d'une Nature Morte - Raymond Coumans, huile sur toile-

"Chevaux de verre" détail d'une Nature Morte - Raymond Coumans, huile sur toile-

Du 29 octobre au 9 novembre 1949, Raymond Coumans expose à la galerie « Au cheval de verre » située au N°24 du Coudenberg à Bruxelles. La galerie est dirigée par Mady Purnode.

Voici comment un journaliste décrit les particularités de cette galerie d’art :

« C’est peut-être l’une des qualités de la galerie du Cheval de Verre. Elle ne cherche pas à se substituer à aucun des salons plus importants auxquels elle se juxtapose. Elle supporte, dans son choix des artistes et des œuvres, une originalité un sens de la simplicité et d’une nouveauté extérieure à toute mode ou à tout à priori qui lui confèrent chez nous une valeur analogue à celle que l’on ne trouve qu’à Paris, dans certaines galeries de la rive gauche. »

L’article est signé R.D.

Le 9 août 1949, Raymond Coumans reçoit cette courte lettre d’Henri Kerels* (voir texte ci-dessous) critique d’Art pour le journal « la Lanterne » et professeur à l’académie de Molenbeek St Jean :

Mon cher Coumans

J’ai vu de vos toiles à la dernière exposition de l’Académie.

Il ne m’en a pas fallu plus pour vous recommander au « Cheval de Verre ».

Allez voir Madame Mady Purnode de ma part et emportez deux toiles au moins pour les lui

Montrer. Vous vous entendrez avec elle. J’en suis certain.

Bien à vous et Bonne chance !

Henry Kerels

Raymond Coumans suit immédiatement les conseils d’Henri Kerels et signe son premier véritable contrat d’exposition en septembre 1949.

C’est un événement ! Même si la période d’exposition est courte. Coumans est enfin découvert, reconnu, son nom s’inscrit en grand sur l’affiche de la galerie.

L’affiche de la galerie, parlons-en… Elle tiendra toute sa vie compagnie au peintre, un peu comme une « madeleine » aux cimaises de son atelier de la rue Antoine Bréart à St Gilles.

________________________________________________________________________________

*Peintre, graveur et écrivain. Henri Francois Louis Kerels naît à Molenbeek-Saint-Jean le 8 aout 1896 et décède le 15 décembre 1956. Très jeune, avant de s'adonner au dessin et à la peinture, il exerce plusieurs professions comme cordonnier... et fait également partie d'une troupe d' acrobates, de clowns et de funambules. Il suit les cours à l' Académie des Beaux-Arts de Bruxelles en 1914 et 1915 puis à l' Académie Libre "L'Effort". Il devient l’élève de l’atelier du peintre Kurt Peiser et fréquente également les cours de littérature de l’écrivain Georges Eekhoud. Excellent dessinateur, il se fait connaître en illustrant pour un éditeur une série de 400 planches pour un manuel de cordonnerie. Il traite ses sujets avec ferveur et exactitude. Son talent d’interprète des métiers lui vaut d’être publié dans des revues destinées à l’enseignement. En 1924, dans la revue "Savoir et Beauté", l’écrivain Georges Eekhoud écrit l’admiration qu’il éprouve pour les dessins de son ami H. Kerel. Pendant des années, il ne produira que des dessins dont nombreux sont rehaussés de pastel. C’est en tant que dessinateur qu’Henri Kerels s’est imposé dans le monde de l’art. La Renaissance du Livre lui publie en 1929 un album intitulé "Les petits métiers" à utilisation pédagogique. Cet album comprend 10 grandes planches représentant 10 petits métiers; le sellier, le tailleur, le relieur, le sabotier, le broyeur de couleurs, le fourreur, le vannier, la brodeuse, la plumassière et le cordonnier, le tout accompagné d'un texte. Charles Conrardy disait qu’Henri Kerels s’est fait le chantre des métiers sédentaires dans cet album. Il exécute également des panneaux décoratifs en lape (produit dont la couleur est mélangée au ciment). Sa peinture est sobre et sereine avec une atmosphère intime. Il simplifie ses paysages avec une architecture nette et des fonds dépouillés. Ses sujets sont aussi bien des natures mortes, des nus, des portraits, des paysages, des scènes de genre ou des marines. En novembre 1931, il fonde avec Dolf Ledel, Oscar Jespers, Georges Latinis, Edgard Tytgat et l’écrivain Maurice Casteels, "l'Association des Artistes Professionnels Belges". Il y tiendra les fonctions de secrétaire et ensuite de président. Il prend une part active dans l’organisation de la tombola nationale des beaux-arts en faveur des artistes touchés par la crise économique de 1930, ainsi qu'en 1941 pour le "Secours d'hiver". En 1930 -1931, il voyage au Congo et réalise un bon nombre d’esquisses de femmes indigènes et de paysages. Parmi ses œuvres d’Afrique exposées en 1931, nous trouvons "Marché de Kinshasa", "Danseur bakumu", "Paysage a Watsa", "Lac Tanganyka"... .En 1929, il devient professeur de gravure à l’Académie de Molenbeek-saint-jean et puis critique d’art au journal "La Lanterne". Vers 1950, Henri Kerels passe à l’abstraction informelle et fait partie du groupe "Art Abstrait" fonde à Bruxelles par Jo Delahaut.

Ce texte est tiré du site : http://www.galeriedupistoletdor.com/gdpo/Kerelshenri.htm

Catalogue de l'exposition, pages intérieures

Catalogue de l'exposition, pages intérieures

Ouvrons le catalogue de l'exposition et commençons par une présentation de l’artiste par Roger Faust

Coumans et l’impressionnisme

Perfectionner sa technique, tout en gardant sa spontanéité native, puiser largement dans le leg spirituel de nos devanciers et, cependant, conserver, renforcer même sa propre personnalité, sont en général choses fort difficiles à concilier.

Raymond Coumans, ce jeune artiste de 27 ans, a tenu la gageure, et l’exposition qu’il nous présente aujourd’hui est, à la fois, un aboutissement et un départ.

Aboutissement, parce que nous songeons à sa production bigarrée des années 39 & 40, après un séjour en Ardèche qui exerça sur lui une influence profonde.

C’était l’époque des pochades hautement colorées, des toiles véhémentes où, çà et là, un vert ou un bleu étonnement cru jetait un cri jeune, révolutionnaire, mais parfois maladroit.

Puis, l’exposition salle Van Laer, en 1941, le troisième salon de l’art jeune en 1942 et le salon d’ensemble de 1946 à la galerie Sélection furent autant de jalons marquant la métamorphose de l’artiste.

1949 est pour lui une étape déterminante.

Lauréat de la Province de Brabant, en janvier dernier, il expose ensuite à l’éclectique salon d’ensemble : « De Laermans à nos jours » en avril-mai.

Cette fois c’est un nouveau départ.

Son art , évolué spirituellement et techniquement affiné a gardé son extraordinaire parfum de vérité et toute sa fraîcheur d’expression.

C’est en plein air que Raymond Coumans travaille et ce n’est pas là le seul point commun qu’il ait avec les maîtres impressionnistes.

L’étude passionnée de la lumière de la lumière qui baigne son œuvre d’une atmosphère blonde fait penser aux Monet et aux Sisley ; le poids juste des masses et l’esprit de leur matière rappellent les solides tableaux de Cézanne.

Avant tout, peintre de la couleur, Coumans utilise à présent une gamme de tons subtils et fondus, convenant fort bien à ses paysages aérés.

Quelques croquis et eaux fortes nous montrent que, là aussi, l’artiste a surmonté la difficulté et que, dans le domaine de la composition, ses progrès sont également indéniables.

Aboutissement et départ, telle est donc la caractéristique générale de l’œuvre actuelle de Raymond Coumans dont l’art évolue, indiscutablement, vers un néo-impressionnisme du meilleur aloi.

Roger Faust

Les œuvres exposées :

1-Portrait de Ninie (collection Mme C.°)

2-Portrait de M. Vanbruane

3-Portrait d’enfant

4-Paysage

5-Pommiers en fleurs.

6-La gare de triage

7-Monts des Arts

8-Après-midi au parc de Bruxelles.

9-Le grand Sablon.

10-Place Aneesens.

11-Nature morte aux langoustines

12-Les roses rouges

13-Le bibelot gallois

14-Notturno

15.L’envers de la ville

16-Effet de neige

17-L’eau stagnante

18- Ostende

19-Boulevard

20-Les étangs d’Ixelles

21-Villefranche S/mer

22-Coin de Villefranche s/mer

23-Le bar de l’espérance

24- Coin d’atelier

25-Nu couché

26-Nu (aquarelle ( collection M.F )

27- Nu (aquarelle)

28-Nice (aquarelle)

29-Monaco (aquarelle)

30-Beaulieu (aquarelle)

31-St Tropez (aquarelle)

Premières critiques...

In La Nation Belge du 8 novembre 1949

Au Cheval de Verre, Coudenberg, Raymond Coumans expose des paysages , des natures mortes, des figures où s’affirme à la fois un talent et une personnalité.

Une peinture impressionniste attachée à la poursuite des jeux de lumière et des

Caprices atmosphériques. Les paysages bruxellois en acquièrent une vie nouvelle, révèlent

Des secrets non encore soupçonnés . Ainsi l’artiste reproduit le quotidien sans être banal. Et nous louerons en lui le coloriste souvent vibrant mais jamais désaccordé.

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R.Coumans, J.Gits, G.O.Gits et J.Marlier - 1946

12 Octobre 2012, 10:32am

Publié par Yves Coumans

1946, la Revue Ariel, réunit du 16 février au 2 mars quatre jeunes peintres à la galerie «Sélection » située alors 32, rue Saint-Jean, en plein cœur de Bruxelles. Sur le carton d’invitation, voici les artistes et les œuvres exposées :

R.Coumans, J.Gits, G.O.Gits et J.Marlier - 1946

Parmi les oeuvres exposées de Raymond Coumans, ce nu en aquarelle : tout en légèreté et en douceur.

Raymond Coumans, nu, aquarelle , années 40

Raymond Coumans, nu, aquarelle , années 40

Probablement invendu lors de ses premières expositions, le tableau "La gare de triage" aujourd'hui dans une collection privée, a tout de même été photographié en noir et blanc. Le voici :

Raymond Coumans, gare de triage, huile sur bois, années 40-50

Raymond Coumans, gare de triage, huile sur bois, années 40-50

Aux côtés de Raymond Coumans, Jean Marlier (1919-2009) était tout comme lui instituteur de formation. Jean Marlier fut l'élève des peintres Lismonde et Massonet à l'Académie de Bruxelles. Il réalisa de nombreux décors pour le Cinéma ( Franz, de Jacques Brel) et le Théâtre. Quant aux deux autres peintres Jules Gits et G.O.Gits, Jules Gits fût membre du Conseil National Belge des Arts Plastiques. A son sujet ( sans certitude aucun) j'ai retrouvé cette citation : "Enfin Jules Gits, c'est le grand plongeon dans le domaine de l'abstraction, avec des dessins géométriques résolument colorés. On doit à ce peintre renommé, la décoration murale de l'école communale de Genval." (in Salon d’Automne, Joelle Burny, Le soir, 7/09/1988) .

Le carton d'invitation nous apprend également qu'à l'époque Raymond Coumans a quitté la rue de Nancy et la maison familiale pour s'installer au 96 de la rue d'Anderlecht, non loin de la Place St Géry.

Raymond Coumans, gravure

Raymond Coumans, gravure

A la même époque, Raymond Coumans a choisi, pour ce qui est de la peinture, d'être autodidacte, une seule journée à l'académie de Bruxelles fût de trop. Par contre, il suit des cours de gravure à l'académie de Molenbeek où il rencontre le peintre et graveur Louis Collet. Ils deviendront d'inséparables amis.

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1942, première exposition d'ensemble

29 Septembre 2012, 12:00pm

Publié par Yves Coumans

1942, première exposition d'ensemble

1942. Il est une galerie d’Art bruxelloise qui se nomme : « L’atelier », 27 rue Léopold, derrière l’Opéra de la Monnaie. Ce salon est le 3e d’une série de 5, permettant à des artistes de moins de 30 ans d’exposer leurs œuvres et qui sait d’être récompensés par un jury présidé par Georges Marlier, critique d’Art composé de peintres : Jean Brusselmans, Léon Devos, Marcel Stobbaerts, Edgard Tytgat et de sculpteurs.

1942, première exposition d'ensemble

Raymond Coumans a tout juste 20 ans, voilà une bonne opportunité de se faire connaître et d’entrer en contact avec artistes confirmés.

Georges Marlier, le président du jury, est un journaliste, critique et historien de l’art réputé, à l’époque on lui doit déjà quatre ouvrages importants : « La sculpture en Belgique » (1923) « Bilan de l’expressionnisme flamand (1934) » et « Jordaens » (1940) « La peinture dans le monde d’aujourd’hui « (1936).

Les quatre peintres composant en partie le jury sont loin d’être des inconnus.

Jan Brusselmans (né à Bruxelles en 1884 mort à Dilbeek en 1953) qui a étudié gravure et lithogravure à l’Académie de Bruxelles, est un peintre reconnu aussi bien pour ses talents de « réaliste » et d’impressionniste. Après une période qu’il a lui-même nommée de « fauvisme brabançon » il développe son propre style décrit dans wikipedia comme ceci : compositions géométriques et stylisées, utilisant de grands aplats de couleur structurés en petites touches aux couleurs violentes.

Une oeuvre, huile sur toile, du peintre Devos

Une oeuvre, huile sur toile, du peintre Devos

Une aquarelle de Stobbaerts

Une aquarelle de Stobbaerts

Léon Devos (Petit Enghien, 1897 – Percy-sous-Thil, 1974 est considéré comme un peintre post impressionniste important, professeur aux académies de Mons et de Bruxelles, il fut aussi un des membres fondateurs du groupe « Nervia ». Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site de la galerie du Pistolet d’Or à Mons-Belgique.

Marcel Stobbaerts, (1899-1979) remporte le prix de la jeune peinture belge en 1924. Il sera tour à tour illustrateur, aquarelliste et graveur, ami proche d’Hergé, le père de Tintin.

Enfin, Edgard Tytgat (Bruxelles 1879-Woluwe-Saint-Lambert 1957) n’est pas le moins connu des quatre, ami du Peintre Rick Wauters, il débute par la lithographie et la gravure, étudie à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles. On peut voir ses œuvres dans bon nombre de musées belges mais également à Grenoble (France).

Quatre peintres qui ont laissé une belle trace de leur passage donc. Le jeune Coumans les connaît bien sûr, les admire et s’il ne reçoit pas de prix au final de ces 5 expositions, il prendra quelques conseils techniques auprès de Tytgat, enrichira ses réflexions sur l’art avec les autres, en formidable « relations publiques » qu’il était déjà.

Coumans, paysage, huile sur toile/bois années 40-50

Coumans, paysage, huile sur toile/bois années 40-50

Mais qu’expose Raymond Coumans en 1942 ? Sans certitude aucune, voici néanmoins quelques exemples de son style et de ses sujets à 20 ans.

Coumans, marché, huile sur toile/bois

Coumans, marché, huile sur toile/bois

Coumans, arrière de maison, huile sur toile/bois

Coumans, arrière de maison, huile sur toile/bois

Et parmi les autres artistes de moins de trente ans qui concourent ? Recherche faite dans la liste des noms, il me semble qu’Engelbert Van Anderlecht (1918-1961) qui deviendra un des principaux représentants de l’art abstrait belge dans l’après-guerre, en fait bien partie, Marthe Fassiaux également, mais je ne dispose d’aucune information sur cette femme peintre. Parmi tous les noms cités, Henri de Jaegher peintre né en 1912 a pu également participer à cette exposition ayant tout juste 30 ans.

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Coumans : années de guerre et d'après-guerre

24 Septembre 2012, 11:02am

Publié par Yves Coumans

A l'avant plan, à droite, Raymond Coumans au service militaire, 1945

A l'avant plan, à droite, Raymond Coumans au service militaire, 1945

Après avoir étudié à l'école normale Charles Buls, entre 40 et 44, Raymond Coumans fait son service militaire en 1945. Déjà bon cuisinier, il régale ses camarades. Il se marie en 1944 avec Léonie-Françoise Beelen, dite "Ninie". Le couple se séparera en 1949.

"Ninie" on reconnaît derrière le portrait un motif à larges lignes souvent utilisé par le peintre à cette époque.

"Ninie" on reconnaît derrière le portrait un motif à larges lignes souvent utilisé par le peintre à cette époque.

Autre portrait de Léonie-Francoise Beelen, la première épouse de Raymond Coumans

Autre portrait de Léonie-Francoise Beelen, la première épouse de Raymond Coumans

Léonie-Françoise Beelen, dont je n'ai pas retrouvé la trace jusqu'à présent, possédait une belle collection de Coumans. Quelques toiles ont été exposée lors de la grande rétrospective "Cent oeuvres" de Coumans au siège de la CGER rue des Boiteux à Bruxelles en 198, une formidable exposition dont nous reparlerons, bien sûr, plus loin.

Aujourd'hui une partie de la collection a été dispersée quelques une des oeuvres qui en faisaient partie sont encore actuellement en salle de vente.

Revenons à 1941, Coumans a 19 ans, un savoir-faire, l'ambition de devenir un grand peintre, il met sur pied sa première exposition personnelle Salle van Laer à Bruxelles :

LE PEINTRE RAYMOND COUMANS A L'HONNEUR DE VOUS INVITER A L'EXPOSITION DE SES OEUVRES, EN LA SALLE FLAMANDE DU "CAFE VAN LAER" CHAUSSEE DE NINOVE,1048 MOORTEBEEK.

Le carton d'invitation mentionne l'adresse de l'atelier : rue de Nancy 19 et les trams pour accéder chaussée de Ninove : le D, le D barré...

croquis de l'atelier, en arrière plan l'affiche de cette première exposition

croquis de l'atelier, en arrière plan l'affiche de cette première exposition

Des Peintures à l'huile sur bois, des aquarelles...Cette première exposition mélange paysages ardèchois et bruxellois. Elle marque surtout le début d'une longue carrière.

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Coumans, fin des années 30, années 40

5 Septembre 2012, 16:53pm

Publié par Yves Coumans

"Le fils du bibliothécaire faisait de la peinture et exposait. Son père me répètait souvent : il ose, mon fils". Je pris contact avec ce garçon. Le samedi après-midi, nous visitions les galeries. Je prenais de l'assurance. Ensemble, nous travaillâmes sur le motif. La peinture devint une maîtresse exigeante le soir d'une journée glaciale au cours de laquelle nous avons peint, sur place, un magnifique monument à la Cité Fontenas*.

En 1940, avec la guerre vint l'exode*. Je me retrouvai à Saint-Thomé, en Ardèche. J'avais emporté ma boîte de couleurs et je voyais pour la première fois des montagnes. J'en fis des centaines de croquis."

Raymond Coumans, in la revue Semper, 1985

*Bruxelles

*Raymond Coumans dans le but de pouvoir faire des études supérieure d'Instituteur opte pour la Nationalité belge en 1939. En 1940, il a 18 ans. Voici comment Suzanne Coumans relate l'exode en France : "Quand éclate la guerre de 1940, il a dix-huit ans. Comme beaucoup de jeune gens de son âge, il quitte le pays et prend les chemins de France, à vélo." "L'enfant de la ville aux ruelles grises découvre les vastes espaces, les paysages grandioses, l'eau vive qui coule entre les roches sauvages, des couleurs, des parfums..."

Village du sud de la France, aquarelle de jeunesse

Village du sud de la France, aquarelle de jeunesse

Raymond Coumans sera profondément marqué par ce voyage qui durera trois mois. Sur son chemin il découvre le cidre, le vin, les filles, quelque fois il lui faut traire avec ses copains les pis enflés de vaches abandonnées à leur sort. Il découvre surtout les paysages du sud de la France et y puise les roses et les ocres qui feront sa renomée de coloriste.

Le jeune Raymond Coumans , Ardèche, 1940

Le jeune Raymond Coumans , Ardèche, 1940

Comme l'écrit Suzanne Coumans dans sa brève biographie : " Il quitte ces bonheurs, et ceux qui là-bas furent pour lui une véritable "famille d'accueil" pour retrouver ses parents et terminer ses études à l'Ecole Normale Charles Buls (Bruxelles). Il aménage le petit grenier en Atelier, y passe de nombreuses heures..."

Hameau, sud de la France, aquarelle

Hameau, sud de la France, aquarelle

Coumans - Portrait d'un garçon - 1943 - Huile sur bois

Coumans - Portrait d'un garçon - 1943 - Huile sur bois

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Raymond Lacroix rencontre Raymond Coumans

3 Septembre 2012, 17:49pm

Publié par Yves Coumans

Raymond Lacroix rencontre Raymond Coumans

Parmi la vaste revue de presse de Raymond Coumans, pour poursuivre un éclairage sur son enfance et son adolescence, j'ai déniché cet article et interview de mon père signée Raymond Lacroix, publié en 1985 dans la revue Semper. En voici un extrait, où Raymond Coumans livre quelques confidences poétiques sur ses années d'enfance et d'adolescence.

"Durant des années, au centre de la ville,-mon père était pâtissier- nous nous éclairâmes au gaz, à la bougie, à la lampe à pétrole. Peut-être est-ce cette particularité de mon enfance qui fut à l'origine de l'orientation intimiste de mon oeuvre ? J'ai aimé les allumeurs de réverbères, les chevaux de la charette à pain, les chiens de la carriole à lait, le marchand de peaux de lapins, de tout de rien, ceux de la rue et ceux d'ailleurs.

J'ai tremblé devant le mystère des ombres immobiles s'installant dans la cuisine à l'heure de l'allumeur, je les ai épiées quand la mèche à pétrole les berçait du chant de la nuit. J'ai suivi leurs danses folles à l'heure irritante de la bougie qu'étaignait le marchand de sable, un sable tout blanc que je retrouvais le lendemain, jeté au pied du poêle de Louvain. j'ai besoin de dire ces choses, parce qu'elles sont entrées en moi comme des guides, oriantant mon approche de la vie.

A l'école, l'instituteur, le même pendant 6 ans, avait dessiné au tableau une immense tête d'Edison. Elle m'impressionnait tellement que le génie était pour moi celui qui l'avait représentée. A dater de ce jour, j'ai dessiné les têtes des gens de mon entourage. Je les épinglais au mur de ma chambre et chaque jour, je leur souhaitais le bonjour. Dans le quartier, j'étais le gamin qui dessinait. Un jour un voisin fourreur dont j'avais protégé le fils m'offrit une boîte de vraies couleurs à l'huile, quatre cartons préparés et un couteau à palette. Ce fut le plus beau cadeau de ma vie. Ne connaissant pas la destination du couteau à palette, je l'utilisais comme on se sert d'un couteau à peindre et j'ai attendu l'âge de 16 ans pour qu'un fournisseur de matériaux artistiques me révélât que ce couteau servait à nettoyer la palette et non à poser la couleur.

Cette méprise m'a permis d'acquérir une extrème dextérité dans le maniement. J'étais entré à l'Ecole Normale et je fut à la même époque aide-bibliothécaire à la Ville de Bruxelles : trois demi-jours par semaine plus le dimanche matin. J'y lu tous les livres d'art. Ce fut ma première initiation à la littérature concernant l'art."

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L'enfance de l'art (suite et fin de l'article)

2 Septembre 2012, 14:52pm

Publié par Yves Coumans

Afin de poursuivre cette exploration de l'enfance de Raymond Coumans, voici dans son intégralité un texte que nous a laissé Suzanne Coumans :

I-Les parents

Elle s'appelle Maria, Helena,Antoinette Jeukens. Il s'appelle Joannes, Andreas Coumans. Ils se connaissent depuis l'enfance à Maastricht. Aux Pays-Bas, en ce temps là, c'est le dernier prénom qui compte. André écrit donc à Antoinette, plus familièrement nommée Anette, de nombreuses cartes postales choisies avec soin, dès 1911. Il a seize ans, elle en a vingt-sept. Les temps sont durs, ils doivent gagner leur vie, les nécessités de leur travail les éloignent l'un de l'autre. Il est apprenti pâtissier, elle est servante interne à Bruxelles, notamment chez l'avocat Julien Baillon, frère aîné de l'écrivain belge André Baillon, où elle restera de nombreuses années. Ils échangent bon nombre de ces cartes postales romantiques qui montrent des couples qui se regardent tendrement. Ils sont courageux, droits, honnêtes, très appréciés dans leur travail. Pendant la guerre de 14-18, la hollande reste neutre, il échappe donc au carnage et fin 1919 ils louent un petit appartement à Bruxelles, rue des Cerises, 2, au coin de la rue de Terre-Neuve. Ils se marient à Rotterdam(où il travaille) le 7 juillet 1920 et se fixent définitivement à Bruxelles en gardant leur nationalité hollandaise. Ils ont une carte d'identité d'étranger et un permis de travail. En 1922 la mode n'est pas d'accoucher à l'hôpital. Annette va donc mettre son enfant au monde, le 19 mai, chez sa mère à Maastricht. C'est ainsi que naît,chez sa grand-mère, un petit garçon prénommé André Raymond Coumans de nationalité hollandaise qui rejoint ses parents à Bruxelles. Le 1er mars 1929 la famille quitte la rue des Cerises (qui, depuis n'existe plus) pour la rue de Nancy, au 19, toujours à Bruxelles. Les parents quitteront la rue de Nancy en 1957 pour un monde qu'on dit meilleur, elle le 28 avril et lui, juste un mois plus tard, le 28 mai.

II-L'Enfance

C'est une enfance douce et simple entre un père qui travaille beaucoup et une mère soucieuse du bien-être familial. Les revenus sont modestes mais utilisés judicieusement, le petit appartement est un cocon protecteur. La maison de la rue des Cerises est appelée "la maison noire" depuis qu'un locataire indélicat a prélevé du courant électrique "derrière" le compteur afin de ne rien payer. Cette fraude sanctionnée sévèrement, a plongé les autres locataires dans le noir pendant de longs mois. La lampe à pétrole à pris le relais et regroupé autour d'elle les travaux de couture, la lecture, et les devoirs de l'enfant. L'enfant, excellent élève à l'école, n'oubliera jamais la clarté et la chaleur de la lampe. A l'école tout va bien, l'instituteur M. Paternotte, le suivra pendant tout le cycle primaire. C'est un esprit éclairé qui donne, en toute simplicité à ces garçons du petit peuple en plus de la grammaire et du calcul, un regard ouvert sur le monde et permet à ce Raymond tranquille d'illustrer ses cahiers comme il l'entend.

Cet amour du dessin s'épanouit dans les traditionnelles lettres aux parents pour le nouvel-an ou pour la fête des mères, et dans la création de programmes pour les fêtes de fin d'année scolaire accompagnant les distributions de prix. De temps en temps la famille s'évade de la ville et s'en va prendre l'air à Boitsfort, Hofstade, à Malines (chez un oncle) ou à Maastricht chez la grand-mère, personnage malicieux qui sait faire des tours de cartes et qui possède de grandes armoires pleines de bocaux, de confitures et d'épices aux odeurs mystérieuses et tentantes gardées sous clef pour éviter les incursions gourmandes de neveux avides.

Et il y a la mère. La mère qui passe avec l'enfant sur le vieux pont de Maastricht qui tord un journal, y met le feu et le lance vers l'eau offrant à son fils qui suit des yeux cette lueur tourbillonnante qui se reflète dans l'eau rapide, une féerie inoubliable. La mère qui raconte des histoires, assise sous la table de la cuisine avec son petit qui écoute en serrant dans ses bras "Adamson" son jouet préféré. La mère qui perd un peu la tête. La mère aimée.

Suzanne Coumans

En quoi la biographie d'un artiste peut-elle être intéressante ? En quoi peut-elle apporter un éclairage sur son oeuvre ? Cette question souvent me taraude. Bien sûr, si on ne connaissait pas la vie de van gogh, ce serait impossible de comprendre l'autoportrait de l'homme à l'oreille coupée. Cela dit, un soleil de van gogh peut vous réchauffer l'âme sans aucune indication biographique. Un dessin d'enfant peut nous émerveiller alors que sa biographie en est aux prémices. De quels faits, quels environnements, quelles rencontres sommes-nous construits ? Et de quoi se nourrit notre art si nous sommes artistes ? Où étions-nous ? A quel moment de l'histoire des hommes ? Comme une boîte de couleur, quelques toiles blanches et pinceaux en poil de martre, j'aimerais vous offrir ces éléments biographiques. A vous de choisir les couleurs, de les mélanger à votre guise, de vous faire votre propre tableau.

Si comme moi vous êtes curieux de tout et que vous possédez ou aimez une toile signée Coumans alors peut-être aboutirez-vous un jour sur ce blog qui, je l'espère, aura une longue vie. Je vis depuis longtemps , peut-être comme vous, entouré d'oeuvres de mon père. je n'ai jamais considéré ces tableaux qui ornent ma maison comme un capital financier. Avec elles je partage ma vie au quotidien, je m'y plonge quelquefois comme ces enfants émmerveillés dans le film "Mary Poppins" de Disney. Je me laisse bercer par les couleurs, les atmosphères, je me sens proche de cette vision du monde. J'ose, naïvement peut-être, imaginer que l'amateur d'art, au noble sens du terme, acquiert des oeuvres pour vivre avec elles et non pas parce qu'elles représentent un investissement à terme. L'acheteur public, quant à lui, acquiert des oeuvres pour les faire découvrir à tous ceux qui ne pourraient se les offrir eux-mêmes. Les collections au fil du temps se dispersent, s'éparpillent. Près de 2000 Coumans sont aujourd'hui dispersés dans une foule de lieux, de pays, de maisons. Si vous êtes un des heureux propriétaires, n'hésitez pas à vous faire connaître.

Raymond Coumans : le choix ( huile sur toile 33 X 55 cm) Collection Coumans

Raymond Coumans : le choix ( huile sur toile 33 X 55 cm) Collection Coumans

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COUMANS (1922-2001) une vie, une oeuvre, un blog

31 Août 2012, 15:21pm

Publié par Yves Coumans

COUMANS (1922-2001) une vie, une oeuvre, un blog

Né à Maastricht (Pays-Bas) en 1922, mort à Bruxelles en 2001, Raymond Coumans laisse derrière lui une oeuvre immense : plus de 2000 de tableaux, dessins, pastels, aquarelles et gravures. Durant pratiquement soixante années de sa vie, il réalise 36 expositions personnelles, 65 expositions de groupe et près de 100 salons d'ensemble.

Nombre de ses oeuvres ont été acquises par l'Etat Belge, le Palais de la Nation, le Cabinet des Estampes, les Communes de Saint-Gilles, Molenbeek, Ixelles, le Musée des Beaux-Arts de Tournai, le Musée de Louvain -La-Neuve (Collection Boyadjan), le Crédit Communal (aujourd'hui Belfius) et la CGER, (aujourd'hui banque BNP-Paribas) et également dans de nombreuses collections privées en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique Latine.

Ce blog, créé en cette fin de mois d'août 2012, tentera d'apporter un éclairage pertinent sur l'homme et son oeuvre. Une oeuvre qui a jalonné nos vies et peut-être croisée la vôtre...

Yves Coumans

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